Dans quelques jours je fêterais mon 3e anniversaire de vie en expatriation. C’est le moment de faire le bilan sur ces 3 années intenses et incroyablement enrichissantes, et surtout de regarder l’avenir : ici, ailleurs, en France ?
Partir mais comment ?
Je cherchais une opportunité d’aller vivre à l’étranger depuis plusieurs années. La plupart des élèves de mon master avait vécu un échange universitaire ou un stage à l’étranger, mais de mon côté, j’avais mis l’accent sur 5 ans d’études en apprentissage et des concours pour intégrer les écoles qui m’intéressait.
Il a fallu réfléchir à la meilleure formule pour partir, je cherchais avant tout une sécurité financière (je suis indépendante depuis ma première année d’études), et cette expérience devait être enrichissante autant personnellement / professionnellement pour mon mari et moi.
Le PVT ne me correspondait pas, trop complexe à gérer pour continuer une carrière professionnelle, j’ai donc opté pour le VIE. Le VIE est un contrat pour les moins de 28 ans qui permet de travailler entre 12 et 24 mois à l’étranger, et qui offre de belles perspectives professionnelles ainsi qu’une sécurité sociale et administrative (plus d’info ici).
Sauf que des VIE en communication ou marketing, il y en a très peu. J’ai donc postulé des mois et des mois en Asie et aux Etats-Unis. Et un jour, alors que j’assistais à un concert, j’ai reçu un email d’une entreprise pour laquelle j’avais déjà travaillé, me proposant un entretien pour un VIE en marketing près de Washington DC.
Je ne pourrais pas expliquer le pourquoi du comment, mais je savais que cette opportunité était la bonne. Après un petit détour sur Google Maps pour savoir où était situé la Virginie, j’ai préparé mes entretiens dans l’objectif unique d’avoir ce poste.
3 mois plus tard, visas en poche, et 2 CDI remerciés, toute ma petite famille décollait pour Washington Dulles Airport, sans savoir où nous allions mettre les pieds et à quoi allait ressembler notre nouvelle vie.
Je ne remerciais jamais assez mon mari de m’avoir fait autant confiance, car même si il travaille pour une entreprise qui lui permet de s’expatrier très facilement, il n’était absolument pas sur d’obtenir un permis de travail une fois sur place.
Direction Washington DC
Beaucoup de personnes vous décrirons l’expatriation comme : une lune de miel: cette période où l’on se sent en vacances et tout parait idyllique, puis une phase de doutes et finalement l’adaptation à cette nouvelle vie.
De mon côté, je doute à chaque arrivée dans un nouveau pays. Les 2 premiers mois ne sont jamais faciles, et je me demande toujours si j’ai fait le bon choix, si j’aime vraiment le pays où j’ai décidé d’habiter. Et ce sentiment passe, on trouve de nouvelles habitudes, et l’excitation à l’idée de construire une nouvelle vie prend le dessus sur le reste.
Cette première expérience a changé ma vie. J’ai appris tellement de choses aux Etats-Unis, sur ma personnalité, mon couple, ma famille, mes amis. Tout pourrait sonner très cliché, mais quand on vit à l’autre bout du monde avec son compagnon, loin de tout et tout le monde, notre vision du monde changement complètement.
J’ai appris que peu importe les problèmes il y avait toujours une solution. J’ai appris à oser, à tester des choses, à me planter et à m’ouvrir aux autres.. Quand on vit loin de son cadre de référence, il faut se réinventer.
J’ai osé être moi même, m’affirmer, et changer de vie pour une vie plus simple et plus éthique. A force de vivre au même endroit on emmagasine pas seulement de vieux objets, mais aussi de vielles croyances et des habitudes qui nous collent à la peau. Et même si sauter dans le vide peut faire peur, c’est la meilleure manière de prendre un nouveau départ.
Aux Etats-Unis j’ai découvert une culture que je ne connaissais pas, loin des clichés du tourisme et des médias. J’ai vécu près de 2 ans de voyages sur la côte Est, du Canada à Miami, moi qui connaissais seulement la côte ouest et New-York. Et j’ai trouvé des vrais amis, des gens qui n’ont jamais hésité à nous ouvrir leur porte.
Cette première expatriation a été aussi un moment très délicat dans ma vie personnelle, où j’ai du faire face à mon endométriose, mais tout ça m’a renforcé ma vision de la vie positive et optimiste, il y a toujours de belles choses même dans les périodes complexes.
C’est après 18 mois dans un cadre idyllique que nous avons quitté les Etats-Unis pour Londres pour vivre une nouvelle aventure. Pourquoi Londres ? Nous souhaitions continuer à vivre dans un cadre anglophone. Pour devenir complètement bilingue, il faut plusieurs années en immersion. Ensuite, nous avons tous les 2 reçus une proposition pour continuer nos jobs respectifs dans la capitale anglaise, il ne nous en fallait pas plus pour repartir.
London calling!
Et nous voilà à Londres, depuis maintenant 18 mois. Pratiquement autant de temps qu’aux Etats-Unis d’ailleurs. C’est amusant mais je pensais vivre une vie plus sereine en venant ici, avec la proximité de ma famille, et l’angoisse en moins sur les visas.
Mais je crois que je ne suis décidément pas faite pour vivre sereinement, où alors pas maintenant. Londres n’a pas été un coup de coeur immédiat : arriver en hiver quand la lumière manque, et quand vous avez pris l’habitude de vivre aux Etats-Unis est un nouveau choc culturel. Mais une fois cette (habituelle) période passée, j’ai appris à aimer cette ville. En anglais on différencie love et like. J’utiliserais love pour Londres.
Cette ville est incroyable, offre des milliers de possibilités, ici un peu comme à New York tout semble possible. J’aime découvrir de nouveaux endroits toutes les semaines. J’adore le fait de trouver des parcs immenses, des forêts et des lacs en plein centre ville. Les quartiers sont incroyablement différents, avec des cultures très marquées. Plus que tout, j’aime l’ouverture d’esprit et la diversité qui règnent ici.
Même si Londres est une ville exigeante, j’aime son côté ambivalent : culture posh et punk, les grattes ciels de la City et les petites rues bordées de maisons colorées, les anglais ultra sérieux au travail et complètement dingues dès la sortie de bureau. Ici, on ne se juge pas au premier coup d’oeil et sourire ou parler à son voisin est autorisé.
Et revenir vivre en Europe c’est aussi avoir la chance de pouvoir voyager plus facilement : j’ai enchainé les beaux voyages entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe.
Partir habiter à Londres à été un choix positif dans nos vies et je me vois rester ici quelques temps encore. J’ai quelques beaux projets qui arrivent et qui risquent de changer beaucoup de choses dans mon quotidien, mais cette ville m’a permis de les réaliser, de poser mes affaires, prendre une grande respiration et me lancer dans le vide.
Et la suite ?
On me demande souvent si je pense à revenir vivre en France et ma réponse est non. Après 25 ans en France et près de 15 ans à Paris, j’ai l’impression d’avoir fait le tour des choses. J’adore mon pays, j’aime revenir voir ma famille, mais je ne me vois plus évoluer en France pour le moment. Peut être qu’un jour, une opportunité nous fera changer d’avis, mais vivre à l’étranger nous a rendu plus curieux, forts et matures.
Je suis fière de voir le chemin parcouru entre les premiers pas hésitants dans mon bureau américain, où je paniquais de devoir animer une réunion en anglais, et aujourd’hui où je me sens vraiment à l’aise dans les 2 langues.
La suite pour le moment elle est ici à Londres, parce qu’un an et demi ce n’est que le début de l’aventure et qu’il faut parfois savoir poser un peu ses valises pour construire des projets. Et ensuite ? Ailleurs surement, il y plusieurs destinations qui nous trottent dans la tête, et vivre loin de la France depuis 3 ans (surtout après les Etats-Unis) nous a appris à construire un projet d’expatriation. Je me lance dans l’apprentissage de nouvelles langues pour préparer le terrain, j’ai démarré le coréen, et le chinois et l’espagnol serait aussi utile. C’est bon de ne pas être pressée et prendre le temps sans bruler les étapes.
Partir vivre à l’étranger donne des ailes. Rien ne me semble impossible aujourd’hui : vivre à l’autre bout du monde, affronter des épreuves, changer de pays, travailler dans une autre langue, ne pas voir mes proches pendant de longs mois. Cette liberté a été difficile à gagner, mais je ne sens pas de revenir en arrière. Une fois débarrassée de ce carcan d’habitudes vieilles de plus de 25 ans, j’ai pu avancer vers l’avenir. Je vais bientôt fêter mes 30 ans, et je n’ai pas peur de regarder devant moi et me dire que avec du travail et un peu de courage, on peut réussir ses rêves.
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