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Pourquoi il ne faut jamais demander “Alors, c’est pour quand les enfants?”

5 September 2016

Si vous avez entre 25 et 40 ans, et que vous êtes en couple depuis plusieurs années cette phrase doit régulièrement revenir à vos oreilles.

On ne devrait jamais poser cette question sans en mesurer les conséquences. Une question qui semble plutôt banale : un couple heureux, quelques années de vie commune, une situation stable. Et la suite ?

La suite, est l’intimité du couple, qui peut choisir de la partager (ou non).

La maternité n’est pas un sujet évident pour beaucoup de femmes, et de couples. Si pour certaines, devenir mère a toujours été une envie profonde ou au contraire un refus catégorique,  pour d’autres cela relève d’un long questionnement. Au delà même de l’envie, faire un enfant n’est pas si simple pour tous les couples.

A chaque fois que vous posez cette question anodine, vous risquez de mettre profondément mal à l’aise votre interlocuteur/rice, et vous exposez aussi au déballage de situations complexes : je suis stérile, j’essaie de faire un enfant depuis 2 ans, je viens de faire une fausse couche, je ne sais pas si je souhaite en avoir ou je ne veux pas en avoir.

Toutes les femmes ne s’accomplissent pas dans le fait d’avoir des enfants, et ont une vie parfaitement épanouie. Par contre, on tente souvent de projeter un modèle archaïque du couple et du bonheur sur des femmes qui ne souhaitent pas débattre de leur choix et leur liberté à ne pas vouloir fonder de famille.

“Tu es sure que tu le regretteras pas dans quelques années ?”

“Il ne faut jamais dire jamais”

C’est manquer de respect à une femme qui ne devrait jamais avoir à répondre à ces questions.

Ne projetez pas votre idée de la vie, sur une personne qui ne vous a rien demandé mais surtout ne voit pas son futur de la manière que vous.

Il existe mille et une manières de s’épanouir dans la vie, en couple ou non, avec ou sans enfants, et autant de manières d’aimer. L’essentiel est de trouver son équilibre.

Pour certains couples qui n’ont pas encore abordé le sujet, qui commencent à peine à en parler ou si le sujet fait l’objet de disputes, c’est aussi l’assurance de mettre sur le tapis un sujet qui relève de leur intimité en public.

Dans mon cas, en couple et mariée depuis des années, la question est revenue sans cesse. Atteinte d’endométriose je savais que ma seule manière d’avoir un enfant serait de faire une FIV. La maternité n’était pas un sujet évident, et m’a demandé une longue introspection.  Chose que je ne souhaitais pas raconter à mes connaissances, mes collègues et autres inconnus à la machine à café.

Je ne compte plus le nombre de fois où l’on s’est immiscé dans ma vie privée pour savoir où j’en étais de ce côté là :

“Tu verras les enfants c’est incroyable, ça change une vie, c’est magique, il n’y a pas de bons moments, il faut se lancer”.

Tout le monde ne choisi pas son moment justement. Il faut parfois des mois, voir des années de tentatives avant de tomber enceinte, et il est assez indélicat de venir rappeler cette dure réalité à une femme.

Et face à une réponse claire et franche sur le sujet de l’infertilité, les réactions se veulent souvent encore plus maladroites :

“Ca va venir, il suffit de se relaxer”

“C’est souvent un blocage dans la tête”

Non. L’infertilité n’est pas un blocage psychologique, et par respect pour les couples en souffrance, abstenons nous de propager des théories médicales de comptoir. Si votre collègue s’absente régulièrement, ne boit pas de vin au bistrot après le travail, ne la questionnez pas. Une femme qui souhaite se confier sur ce sujet le fera, mais la forcer à en parler ne fera que la mettre mal à l’aise.

Ce que cherche une femme, un homme, ou un couple qui affronte cette épreuve c’est finalement de l’écoute, une absence de jugement, et beaucoup de compassion et de soutien. Le reste est médical, et croyez moi, il y a d’excellents professionnels sur le sujet.

Je n’ai aucun conseil à donner à des couples qui se lancent dans un parcours de PMA si ce n’est de se préserver. Il ne faut pas focaliser sa vie uniquement sur la PMA mais continuer à avoir des projets à côté, pour ne pas tomber dans une obsession qui est souvent destructrice.

Gardez en tête que les médecins sont des professionnels, qui gèrent le côté “technique” et manquent parfois d’affect. Alors, entourez vous de personnes bienveillantes : peu de proches, mais des gens qui sauront vous soutenir. Les couples qui sont passés par là sont aussi de très bons conseils.

Continuez d’être heureux pour ceux et celles qui réussissent à vivre la maternité : les belles histoires existent, même si elles demandent parfois du temps à être racontées.

 

Alors avant de poser la question “C’est pour quand les enfants?” demandez vous toujours si vous vous intéressez sincèrement à votre interlocutrice/eur, ou si cela relève uniquement de curiosité mal placée.