A moins d’avoir vécu dans une cave ces dernières semaines, impossible de passer à côté du phénomène “To All The Boys I’ve Loved Before”, la romcom adolescente qui agite Netflix. Une romcom pour ados, mais pas que, car elle dépoussière les classiques du genre : tous les personnages ne sont pas hétéros, ni blancs, ni stars du lycée, on y parle de premiers amours, de famille monoparentale, de découvertes, de déconvenues, et surtout les garçons et filles n’ont pas les rôles attendus : des jeunes mecs bienveillants et des jeunes femmes qui prennent le pouvoir.
Alors oui, il y a des lenteurs, tout n’est pas parfaitement joué, on manque un peu de sororité, mais le film a fait écho à de nombreux*euses trentenaires, moi la première, qui ont partagé leurs souvenirs d’ados, avec le recul des années.
A bientôt 32 ans, en couple depuis plus de 10 ans, j’ai pourtant été la pire personne en dating et relations amoureuses dans le passé. Je ne savais pas quoi faire de moi même, je détestais les conversations gênantes du début, je me demandais toujours si la personne en face de moi allait me ghoster ensuite. Aujourd’hui, même en amitié je suis nulle en small talk, j’aime parler de choses intimes, vraies, fortes, et bafouille sur la pluie et le beau temps.
Bref, je porte un toast à “To All The Boys I’ve Loved Before”, et dieu merci que ces dates n’aient pas fonctionné, elles auront eu le mérite de m’apprendre quelque chose.
Dater une personne pour son physique ou son style ne suffit jamais
J’évolue depuis plus de 15 ans dans une scène musicale métal, rock, voir goth, où l’apparence était extrêmement importante pour l’ado ou la jeune adulte que j’étais (est-on adulte à 20 ans ? La question est ouverte, même si mes parents vous répondrons que non).
Je sortais beaucoup dans des concerts et soirées parisiennes, qui s’apparentaient plus à des concours de poses et chasse au profil Myspace en temps réel. Il fallait s’afficher avec une personne cool, et soyons honnête le physique prenait souvent le dessus sur le reste. J’ai encore un souvenir ému de cette personne très chouette (en apparence), très tatouée, très cultivée musicalement, mais malheureusement nos atomes crochus se sont stoppés là. Après quelques pots dehors (où je réglais, le punk était fauché) , il a décidé de venir habiter chez moi dans le sud (le soleil, la mer) sans m’en informer à l’avance. CV et petite valise à la main, j’ai donc compris l’entourloupe en le voyant débarquer, avec 20 centimes en poche. Il se plaignait (beaucoup) de tout, et nos échanges étaient assez maigres, voir inexistants. Passé le jeu du blind test et la parade en ville, j’en ai eu assez de me faire taxer mes cigarettes, et partager mes pâtes, je l’ai don renvoyé manu-militari chez lui 4 jours plus tard.
J’ai appris à ce moment là, que ce que je voulais partager avec une personne, n’était pas centré autour du physique. Encore aujourd’hui, je veux apprendre de son univers, avoir en face de moi un caractère, des convictions et pouvoir débattre à batons rompus de politique comme d’art, et pourquoi pas faire des concerts et du shopping, ce n’est pas antinomique au final.
Le kebab, ce détail rédhibitoire
Il y a des choses qui ont été toujours rédhibitoires chez l’autre : quelqu’un qui manque d’éducation (peu importe le milieu social), ou me demande de changer d’apparence/opinions, et étrangement : que la personne n’aime pas manger.
J’aime manger, cuisiner, aller au restaurant, les épices, le piment, je voyage parfois presque pour découvrir de nouvelles cuisines. Bref, c’est important. Une personne qui se nourri de pâtes au ketchup me rendrait bien triste.
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours détesté manger devant un/e inconnu/e : il faut manger, parler en même temps, faire attention à tout, bref, un malaise sans fin.
Et quand un garçon, encore une fois très joli et cool en apparence m’a proposé de diner ensemble, je ne m’attendait à rien. Parce que premièrement, inviter une fille à diner à 20 ans, c’est déjà sympa, on est souvent étudiants et fauchés, donc une bière et l’addition partagée c’est déjà pas mal.
Je me suis donc retrouvée à St Michel, face à ce jeune homme qui m’attendait pour aller diner, enfin c’est ce que je croyais car en réalité, je suis arrivée devant un kébab, sandwich immonde qu’il mangeait déjà, seul, sans m’en proposer (heureusement).
Diner avorté, détail rédhibitoire du kebab en tête, j’ai cherché à fuir rapidement. 2h de platitudes sous fond d’haleine aillée, j’ai compris encore une fois que je devais revoir mes ambitions à la hausse. Et ce jour là, j’ai ajouté : personne cultivée, engagée, gouts musicaux similaires (oui, oh), bienveillante, qui aime manger, mais pas de kébab.
Et pour clore en beauté, après ce rdv nul, la personne m’a larguée (oui), alors que nous n’étions pas ensemble (jamais).
Alors sachez que quand mon mari m’a invité à diner pour la première fois, et à cherché l’endroit parfait, décontracté où les plats étaient délicieux, son italien de quartier, il avait déjà marqué des points au bingo de la personne chouette. Et quand il m’a déclamé ne jamais manger de kébab, j’ai pensé bague et passage à la mairie. Je plaisante, (si peu).
L’amour, cette personne qui vous veut du bien
Passé les amourettes superficielles, j’ai compris à mes dépends qu’une personne qui vous aime, c’est quelqu’un qui vous veut du bien. Je me souviens de cette phrase de mon cher et tendre à nos débuts: “je ne cherchais jamais à te faire du mal, même en colère, je ne peux pas”.
Phrase anodine en apparence, mais finalement qui résume bien l’idée d’aimer quelqu’un : on veut le meilleur pour lui*elle, l’amour, le bonheur, la réussite, la bonne santé. On ne cherche pas à éteindre mais porter l’autre vers le haut, on se réjouit de chaque bonne nouvelle pour deux, on s’encourage, on s’épaule aussi.
Mais pourquoi faut il avoir croisé un*e pervers narcissique pour s’en rendre compte ? On apprend des mauvaises experiences, soit, l’éducation ne devrait pas toujours se faire à la dure.
En anglais, le gut feeling, que je traduirais par “instinct viscéral”, cette sensation que l’on ressent dans le ventre, doit toujours vous guider. Si la personne en face de vous ne vous semble pas saine, ni bienveillante, violente ou abusive de quelconque manière : écoutez cette petite voix et fuyez. N’allez jamais (jamais) à l’encontre de votre instinct, car avec les années ont apprend souvent que ce sentiment étrange était en réalité un signe annonciateur d’une relation toxique.
Et ceci est valable pour toutes les situations de la vie de manière générale : écoutez vous bon sang!
Aimer n’est pas un sacerdoce
Avez vous été un St Bernard dans une relation précédente ? Ici, j’ai voulu sauver toutes mes relations passées de quelque chose. Aujourd’hui, je sais que cela me permettait de ne pas affronter mes problèmes en me focalisant sur quelqu’un d’autre.
Et même si on peut aider l’autre, cela ne doit pas être le principal focus de la relation, au risque de tomber avec. J’ai développé une théorie qui tend à penser que l’on doit essayer de se sentir bien dans ses baskets en premier lieu, et que ce sentiment à généralement un effet ricochet sur les autres. Une personne épanouie est souvent solaire avec son entourage, capable de bienveillance mais d’ondes positives par tonnes.
Il ne faut pas confondre aimer une personne et s’inquiéter en permanence pour elle. En revanche, il faut aussi se poser de bonnes questions quand toutes les relations sont toujours tournées vers ce syndrome St Bernard, n’essayez vous pas d’éteindre une petite voix qui demande à être écoutée aussi ? Et cela ne veut pas dire qu’il faut repousser toutes les personnes qui traversent des situations difficiles et passer à côté d’une histoire, loin de là, mais s’écouter et surtout se protéger quand la situation devient trop négative. Grossièrement : aller de l’avant ensemble malgré les épreuves oui, entrainer son partner à flancher également non.
Et même si j’ai parfois du mal à comprendre les relations entre deux êtres, j’ai appris à répondre aux gens qui osent dire “tu devrais revoir tes ambitions à la baisse”, jamais car notre image de nous n’est pas au rabais, et écouter quand mon corps ou ma tête m’envoyait un signal. Immense merci à toutes ces personnes qui ont réussi croisé mon chemin, et m’ont permis de savoir apprécier la réalité d’une relation saine. Pour le reste, cela fait au moins rire les copines autour d’un verre en fin de journée, où sur ce blog!
On se donne rendez vous à 40 ans pour affirmer, compléter, ou rire (pleurer) de ces leçons de vies ? En attendant, je vous invite à partager vos experiences en commentaires : pires ou meilleures anecdotes !
10 Comments
Top cet article ! Je ne regarderai jamais la série par conviction pure mdr, simplement parce que ça ne me dit trop rien les romances adolescentes. Pour ce qui est de la leçon sur les relations malsaines, oh dieu seul sait que je les aime ! J’élève seule mon fils à l’heure actuelle, et ai longtemps eu peur de franchir le cap. Le père déjà, on vivait séparés, et c’est à peine s’il venait voir mon petit loup une heure la semaine. Pas un euro pour lui non plus. Côté couple, on se descendait, il me mentait sur absolument tout, jusqu’à inventer une histoire incroyable alors qu’il était simplement en train de partager une pinte avec des gens un peu nuls Je me suis enfermée dans une boucle sans fin, où je le menace pensant le faire réagir, je pars, je reviens… Pendant un an et demi en fait, l’âge de mon petit gars. Et aujourd’hui, il ne vient même plus aux nouvelles, rien, il habite à 10 minutes et il n’en a clairement rien à f***** de nous, de “son fils”. Tout ça pour dire, même les enfants ne doivent pas être un frein à son bonheur personnel, mon couple si couple existait était une bonne grosse bouteille d’eau croupie dont j’en buvais une gorgée chaque jour Si quelqu’un lit mon commentaire, protégez-vous si vous le faites avec un débile, obligez-le parce que le jour fatidique il va miraculeusement perdre ce qu’il a entre les cuisses Et si vous devenez quand même maman, soyez la meilleure maman pour lui car à défaut de ne pas connaître son père ou d’en avoir un très nul, il aura une super maman !
Merci pour ton article, ça donne de l’espoir. Dans mon cas, je me sens un peu comme désespérée en tant que maman éternellement célibataire que personne ne veut Mais j’ai au moins appris ce que je ne voulais pas avec cette relation et en a découlé la naissance d’un être topissime ❤️
Hello Dedey,
Merci beaucoup pour ton commentaire, et avoir pris le temps de partager ton histoire.
Je crois au karma, et j’espère vraiment que cet homme se prendra dans la face un retour égal à ce que tu vis.
Tu es courageuse, forte, et solde. Tu n’as pas besoin de cet homme toxique dans ta vie, je suis sure que tu trouveras l’amour, quelqu’un de mature et stable.
J’espère sincèrement que ton ex reprendra une relation normale avec ton enfant, et je ne doute pas que tu aimes pour deux en ce moment 🙂
Grl power, et des millions de bonnes ondes!
Anouchka
Merci pour cet article à la fois touchant, drôle et terriblement vrai.
L’amour, ce grand sujet et To all the boys I’ve loved before, cette oeuvre qu’il faut vraiment que je regarde (vu le nombre de fois où l’on m’en a parlé, il faut vraiment que je me magne !)
Des bisous,
Pêche
Merci beaucoup Pêche!
Mais oui regarde le, ce n’est pas LE film du siècle, mais il est feel good et a le mérite de faire réfléchir 🙂
Bises !!
Anouchka
Un article intéressant qui va bien avec le thème du film. Merci d’avoir pris le temps d’en parler, j’ai adoré me plonger dans son histoire et j’ai adoré ensuite avoir tes réflexions qui en découlent.
Bonne journée !
Hello Chloé!
Merci beaucoup ! Je crois que ce film à réussi à faire réfléchir des jeunes femmes de 15, 20 et 30 passés, sous un prisme différent. Beau pari non ? 🙂
Anouchka
Sympa d’avoir rebondi sur le sujet de la série. Je ne l’ai pas vu mais j’ai eu mon lot de dates et de relations foireuses voir dégueulasses. Et comme toi j’ai rencontré l’amour et clairement il se reconnait presque de suite, il n’est pas comme les autres, ils donnent envie de devenir une version de soi meilleure et ils donnent des ailes. Pas facile tous les jours, mais évoluer ensemble est une belle récompense.
Hello Aurore,
Je suis complètement d’accord avec toi, après avoir vécu des histoires complexes on sait ressentir ce genre de chose. Pour le reste, un couple ça s’entretient, l’amour, la complicité, la communication, c’est un travail quotidien 🙂
Anouchka
Coucou !
C’est marrant parce que j’ai regardé ce film en me préparant le matin (plusieurs matins, évidemment) parce que j’avais rien de mieux, et il était assez distrayant, alors que je suis plutôt pas fan du tout des rom com.
Pour ce qui est des relations, je n’ai toujours pas trouvé la pièce du puzzle malheureusement.
J’avoue que je ne fais pas énormément d’efforts non plus, dans le sens où je ne me force pas à rencontrer les gens ou à sortir et je suis assez exigeante. Mais d’un côté je trouve ça normal, et être en couple juste pour l’être ne m’intéresse pas, même si parfois je me pose des questions…
J’aime bien ton article tout comme j’adore cette comédie romantique ! Je l’ai vue plus d’une fois. Ce film me fait penser à moi lorsque j’étais jeune. Certes, je n’écrivais pas de lettres aux garçons que j’ai aimés, mais je couchais sur papier toutes mes nouvelles connaissances, en particulier celles de nature amoureuse. J’ai encore mon fameux journal intime de l’époque que j’ai soigneusement conservé.