J’écris sur ce blog depuis bientôt 3 ans. Au départ, j’ai créé Biobeaubon pour parler de végétarisme, et de ma vie aux Etats-Unis. J’ai découvert le yoga, la méditation, exploré l’Amérique du Nord, et la ligne éditoriale s’est agrandie pour devenir un blog « curieux et positif », ouvert et sans étiquettes.
J’ai pris le parti de ne pas parler de mon intimité ici, tout en abordant des sujets personnels comme apprendre à dire pardon ou surmonter des épreuves douloureuses. La seule fois où je suis sortie de ma bulle a été pour parler de l’endométriose, et j’ai longtemps hésité avant de publier ces articles.
J’ai vite été rattrapé par le fait que la maladie manquait d’exposition et que si je pouvais aider, même un petit peu, l’action serait déjà positive.
Mais voilà, parler un peu de soi, s’exposer, c’est aussi ouvrir la porte aux autres dans sa vie: chose qui pour moi, est complexe à gérer.
J’ai tendance à sur-protéger ma vie privée, ce qui semble contradictoire avec une présence active sur un blog ou des réseaux sociaux, mais je ne partage finalement que très peu de choses personnelles. Ne pas parler de son intimité ne veut pas dire ne pas être sincère, loin de là, j’ai toujours voulu rester honnête et ne pas me mettre en scène.
Et finalement au de-là de l’exposition de la vie intime, c’est aussi me perdre dans une mise en scène biaisée de mon quotidien qui me fait finalement le plus peur. A force de vouloir montrer le meilleur de soi même, on joue, on enrobe, on veut faire rêver. Et je ne veux pas tomber dans ces travers, où il est si facile de glisser.
Je suis souvent un peu étonnée par les “familles Instagram“, où chaque premier moment est immortalisé pour le livrer au monde, le salon est toujours parfaitement rangé, la mère maquillée, les enfants ne se tachent jamais et quand c’est le cas, le chocolat est bien étalé sur la bouche pour en faire une belle photo à filtres.
L’exemple qui me vient toujours en tête, est une ancienne amie qui livrait une vie sur son blog et Myspace à l’époque, complètement différente de sa vie quotidienne. Le mensonge était tel qu’elle se perdait, entre opulence et carte bleue bloquée, immenses projets qui ne voyaient jamais le jour, étudiante appliquée ou déserteuse de salle de classe.
De mon côté, le peu que j’ai livré sur ma vie a donné lieu à des comportements étonnants : outre la bienveillance générale et les échanges positifs, j’ai aussi vu ces vautours 2.0, ces gens qui essaient de recoller des morceaux de votre vie, scrutent, analysent les moindres tweets et trouvent normal de s’immiscer chez vous. Ces gens sont rares, mais assez présents pour me faire reculer d’un pas.
Finalement c’est aussi le jeu, avoir un blog et non pas un site de news, donc parler de soi, et devoir aussi faire avec les gens un peu envahissants.
J’ai toujours eu conscience que chaque information personnelle partagée, pouvait avoir un impact sur la vie privée de mon mari, ou mes proches. Dans le cas de mon mari qui a longtemps été exposé dans une vie précédente, j’ai appris finalement que donner moins c’était peut être donner mieux.
Et quand la vie professionnelle se rajoute aussi à l’équation, le fait de vouloir se livrer devient vraiment complexe à gérer.
En dehors de Biobeaubon, je travaille dans la communication digitale, secteur dans lequel notre identité numérique relie nos différentes activités. J’ai toujours été fière et jamais gênée de me dire que mes collègues français pouvaient tomber sur ce site par hasard. Biobeaubon montre une facette différente de ma vie professionnelle, et mon intimité est encore bien protégée. Mais, comment réagiraient ils si je me livrais plus, publiait des photos de moi au lieu de jolis paysages ? Est ce que tout cela pourrait me desservir à l’avenir?
Tout cela m’amène à penser que je préfère continuer à écrire sur des sujets divers comme la santé, le voyage, le bien-être le yoga, ou la vie de manière générale sans tomber dans une surexposition du moi. Sans me cacher, loin de là, mais en gardant une distance.
Pour chaque sujet publié ici, j’essaie de toujours me demander si l’article a pour but d’informer/échanger, faire découvrir ou tout simplement parler de moi. Si la dernière case est cochée, il est temps de réfléchir sur le besoin d’ego trip sous couvert de blogging.
Je remarque que beaucoup de blogueuses que j’apprécie réussissent le pari : Mango & Salt, Eleusis & Megara, ou Et pourquoi pas Coline. La sincérité ne passe pas forcément pas l’exposition de sa famille, son couple, sa maison, et ses tracas du quotidien.
A bientôt 30 ans, être blogueuse, c’est finalement s’appuyer sur son expérience quotidienne pour partager des opinions et des découvertes, mais garder au chaud sa vie privée.