Dans ce quatrième billet d’humeur, j’aimerais partager avec vous une réflexion sur la différence entre vie virtuelle, et vie réelle, et ce que l’on projette de soi sur les réseaux sociaux.
Je discutais avec mon mari récemment sur le fait que je ne reconnaissais parfois plus mes contacts ou amis entre vie réelle et vie virtuelle. Et cela m’a amené à me questionner sur l’image de moi que je choisis de donner à travers ce blog, Twitter, Instagram, ou sur un réseau professionnel comme Linkedin.
C’est un sujet qui m’a toujours passionné, je l’ai étudié pendant mon master, et travaillant dans le domaine de la communication digitale, j’ai toujours un oeil sur cette différence d’expression du je, selon les plateformes sociales.
Une histoire d’image
Instragram, est en ce moment au coeur des discussions : on peste contre son nouvel algorithme, contre les comptes utilisant des photos retouchées et/ou prises avec un appareil photo (et non un smartphone), mais aussi contre la surexposition du moi, voir du culte du corps à l’extrême.
J’ai tendance à penser que l’on choisi ce que l’on veut voir sur un réseau social, surtout celui ci, et Internet est aussi une plateforme d’expression pour les créatifs. J’aime voir des belles histoires, de jolies photos, des paysages du monde entier, et finalement peu importe si elles sont prises avec un reflex ou un iPhone. Il faut faire la différence entre un compte créatif et un compte qui souhaite partager son “quotidien”, les deux démarches ne sont pas les mêmes.
Ensuite sous couvert d’honnêté, il est d’usage de dénoncer le culte du moi pour tirer sur celles et ceux qui osent faire preuve de narcissisme sur les réseaux sociaux. Mais a contrario on encourage le body positivism, et l’acceptation de soi. Pour beaucoup de personnes, exposer son image fait partie d’un processus d’acceptation de son corps ou son identité, et je pousserais même la réflexion sur le fait de partager une image qui n’est pas assez représentée dans les médias et s’approprier l’espace public.
Ce “narcissisme” là, est important et offre une voie d’expression à beaucoup de communautés. Ce qui est hypocrite est de taper sur les femmes qui osent poster des selfies, alors que l’on poste des photos de soi prises et retouchées par un• e photographe, la démarche reste la même : exposer son image sur un réseau social. Le reste n’est que jugement personnel.
Par exemple, j’ai choisi depuis peu de poster plus de photos de moi, car je pense que tenir un blog sans se montrer un peu est dommage (dans mon cas), et je me réconcilie aussi de plus en plus avec mon image et ma personne par cette petite exposition.
Partager son histoire
Ensuite, il y a sur Twitter, Instagram, et Linkedin, une poussée du personal branding à l’extrême, de l’expression de soi comme une marque, à travers des histoires et un choix très marketing des images. On le voit en ce moment sur Linkedin, avec le partage d’histoires inspirantes (et souvent fausses) ou de coups de gueules pour du clic. On oublie l’essence de ce réseau : la vie professionnelle, la recherche de travail, le partage d’informations. Il faut se vendre et faire de l’esprit à tout prix, quitte à mentir sur son expérience pro, annoncer des projets avant de même de les avoir débutés et inventer une ou deux anecdotes de vie.
Tout le monde est manager, head of, strategist, sans stratégie et sans équipe. C’est très anglo-saxon, aux Etats-Unis on vous demandera souvent en debut de rendez vous : “What’s your story ?”, et il est impératif de savoir vendre ses projets en 1:30 min à n’importe qui, le fameux elevator pitch. Si vous regardez la version US de l’émission “The Voice”, chaque talent chante peu dans sa présentation mais raconte son histoire : décès d’un parent, maladie, addiction, problèmes financiers, l’objectif est de provoquer une émotion chez le jury et les téléspéctacteurs. Soyons honnêtes, en France ce type de storytelling passe nettement moins bien, mais on voit emerger un developpement de la communication par l’affect sur Linkedin ou Instagram justement.
Sur Internet tout le monde est un peu auteur•ice, blogueur•euse, community manager, influenceur•euse… Il est presque interdit de dire que l’on travaille dans un bureau, habite en ville, n’a pas d’animaux, et ne parcourt pas le globe toute l’année ou pire, n’aime pas l’avocat. Il faut influencer les gens à tout prix. Influencer à l’achat ou influencer les autres à changer leur vie ? Ces deux objectifs restent finalement très consuméristes.
Réalité et identité
La monétisation des profils à travers le sponsoring a amené les gens à promouvoir leur image de manière très professionelle. Il faut être inspirant•e, photogénique, jamais malade, toujours heureux•se, ne pas être trop clivant•ante , à défaut parfois de perdre son identité numérique (voir réelle).
Et sans le voir, tout le monde tombe là dedans. Je déteste par exemple me plaindre sur les réseaux sociaux, je déteste lire des plaintes de personnes en général, alors que j’aimerais parfois crier au monde entier que mon endométriose me fait souffrir, que mon fils m’a réveillé 3 fois, et que croule sous le travail, mais au de-là du manque d’intérêt, je n’aime pas exprimer cette partie de mon quotidien. Personne n’aime montrer le désordre qui règne chez soi, ou dans sa tête, et préfère partager de jolies choses, c’est humain.
Quand on tient un blog, notre identité numérique et personnelle se mêle, et le je personnel devient alors le je blog, voir le je professionnel quand on travaille dans un autre domaine la journée. Et ces différentes identités doivent cohabiter sur les mêmes espaces, ce qui peut devenir complexe.
J’ai toujours cet exemple de cette ancienne amie, qui sur le modèle des blogueuses américaines, très en avance à l’époque sur le story telling, mettait en scène avec un certain succès, sa vie quotidienne. Elle était tour à tour étudiante, personnage médiatique, amoureuse transie, amie à l’écoute, mais surtout avait toujours des projets secrets incroyables et une vie folle. Sauf que je ne reconnaissais pas sa vie à travers ses réseaux, la réalité étant complètement différente. Des annonces de projets fictifs, des études délaissées, un couple en crise, mais surtout l’envie de vendre un quotidien parfait comme aujourd’hui font les starlettes de télé réalité. J’ai fini par me perdre entre ses 2 identités et perdre mon amitié avec cette personne.
Je me souviens aussi de cette star de Myspace il y a bien 10 ans, qui était venue à une soirée d’un ami musicien : elle ne nous a pas adressé la parole de la nuit, mais le lendemain sur son blog a posté des photos de tout le monde, des selfies d’elle au milieu du salon, et des commentaires sur ses nouvelles amitiés et son expérience de vie parisienne trépidante. Peu importe la réalité, et l’ennui qu’elle avait du éprouver pendant cette soirée, elle avait en tête de vendre une expérience biaisée à ses followers•euses, et l’objectif était réussi.
Ces comportements étaient encore minoritaires il y a 10 ans, mais aujourd’hui tout le monde doit afficher une image lissée. Comme ces personnes qui ont besoin de montrer la valeur des choses ou des services qu’ils achètent pour assoir une quelconque crédibilité. Vous savez, l’ami•e qui tague uniquement les marques haut de gamme sur une tenue, et se prend en photo devant un hôtel de Miami, alors qu’il•elle est dans un Airbnb plus simple. La réussite matérielle, ou la réussite par l’expérience, mais il faut avant tout prouver sa réussite.
Suis-je vraiment honnête ?
Quand je poste un article ou une photo de moi, je demande souvent l’avis de mon mari, qui vit loin de ces histoires d’images, pour avoir expérimenté une vie publique pendant plusieurs années.
Par exemple, il rigole toujours des commentaires de lectrices qui me trouvent “si douce”, alors que peu de personnes de mon entourage utilise cet adjectif pour me définir. Au contraire de beaucoup de gens, je suis très virulente dans la vie et moins sur Twitter ou Instagram. J’ai appris à devenir plus calme et surtout bienveillante avec les années, mais au quotidien, il m’arrive encore de sortir de mes gonds très rapidement. Mais ce n’est pas l’image que je renvoie, ou inconsciemment souhaite renvoyer publiquement.
Prenons un exemple avec ma bio Twitter ” Voyage, bien-être, bouquins, vegan, yoga, maternité, santé naturelle et expatriation. Digital com manager “, correspond elle vraiment à la réalité ? Oui, c’est finalement ce qui caractérise le plus mon quotidien, mais pour être vraiment honnête et avec plus de 140 caractères, je pourrais rajouter : passionnée d’écriture, malade d’endométriose, féministe, socialiste, fan de rock gras. Moins doux tout de suite…
Et mes photos Instagram reflètent-elles ma réalité ? Non. Je ne me maquille plus que très rarement, par manque de temps et envie, je ne passe qu’une journée par semaine en famille à me promener dans de jolis décors londoniens, les autres photos sont partagées après. J’utilise des filtres pour avoir meilleur mine, combler les cernes, et embellir les paysages. Mais, je ne mens jamais sur mon quotidien, car il implique souvent ma famille (sans la montrer), c’est la règle du jeu. Il m’est d’ailleurs arrivé peu de fois de frôler le développement personnel de bas étage, et je me suis sentie automatiquement mal à l’aise. Bref, exprimer une image de soi filtrée, mais une image de soi réelle, c’est peut être le compromis à trouver quand on partage un bout de sa vie quotidienne ?
En conclusion, je crois que malgré des collaborations intéressantes, je préfère partager une image de moi naturelle, peut être moins monnayable, et continuer d’échanger avec une communauté fidèle, où chaque commentaire à son sens. Il existe mille et une manière de s’exprimer, de créer, de jouer avec son image, l’essentiel étant de donner une vision de soi fidèle et sincère, peu importe les filtres et les effets.
Je vous conseille de lire l’article de Mango and Salt, qui exprime avec beaucoup d’honnêté l’avis d’une blogueuse professionelle sur ces aspects de réalité de l’image, en particulier par la photo.
Cultivez vous une identité virtuelle différente de votre personalité sur les réseaux sociaux ?
Que pensez vous du personal branding sur les réseaux sociaux ?
Quelle serait votre réelle bio Twitter ou Instagram ?
24 Comments
Très intéressant cet article! C’est vrai qu’en tant que professionnelle de la communication et blogueuse (dans mon coin), c’est une question que je me pose souvent aussi. Surtout quand on bosse avec des influenceurs dans le travail! Pour moi, aborder la présence internet avec professionnalisme en soi n’est pas forcément un problème. C’est quand il se met à y avoir “fausse authenticité” que ça peut devenir discutable. Parce qu’un storytelling d’une personne, ce n’est pas pareil qu’un storytelling de marque…
En tout cas, ton idée de véhiculer la réussite par les objets, ou par les expériences, est très intéressant. Je m’intéresse au minimalisme depuis près de 7 ans maintenant et j’ai vraiment vu un boom de cette tendance façon Kinfolk. Et effectivement les marques de réussite sociale ont commencé à quitter le monde des derniers achats chic pour dériver vers les meilleures photos de voyage, d’expos, de rencontres inédites… Mais finalement la démarche est restée la même : se promouvoir et montrer un certain statut social, une certaine réussite à travers les réseaux sociaux.
Pour moi, le côté dangereux de cette tendance, c’est vraiment l’impact sur la confiance en soi de tout un chacun. À force de voir des feeds instagram et facebook parfaits, on en vient à ne plus accepter nos faiblesses, nos coups de mous, nos difficultés. Parce qu’on oublie qu’on ne voit que le spectacle des autres, et qu’on le compare à nos coulisses pas forcément joyeuses.
En tout cas, un grand merci pour cet article qui fait beaucoup réfléchir, et merci d’avoir lu ce long commentaire 🙂
Merci de ton commentaire Florie 🙂
Je rejoins ton point de vue sur l’impact sur la confiance en soi, et particulierement dans des moments sensibles. Et de maniere generale, a force de voir une idee de la perfection uniforme, on en vient a se questionner sur son quotidien.
Pourquoi je ne suis pas aussi fit que cette femme (enceinte) ? Pourquoi mon appart n’est pas minimaliste ? Et sur le minimalisme, ce qui etait a la base fait pour reduire sa consommation devient finalement tres consumeriste, je suis entirerement d’accord!
xxx
Anouchka
Je m’écarte de plus en plus des blogs très “léchés” parce que ça me bloque dans mes projets, l’envie de perfectionnisme met à mal mes envies tout court. Et comme tu dis, j’ai de plus en plus l’impression qu’il y a beaucoup de mensonges dans tout ça. Moi-même, j’évite de plus en plus de me mettre en vitrine car je renvoie souvent une image très gaie et positive mais j’ai des moments où je suis en prise avec des doutes, des problèmes, des douleurs, etc… Je suis de plus en plus de personnes qui parle des côtés sombres de la vie, parce que je les admire et que justement, ils ne sont pas parfaits. Ca m’aide à reprendre confiance en moi et à me dire qu’il faut que je construise MA vie, avec ce que j’aime, et pas forcément sur le modèle de perfect life qu’on voit partout. Bon, je suis quand même quelques fitness girls pour me motiver mais j’essaye de m’éloigner de plus en plus de cette addiction chronophage à la perfection pour illuminer ma vie à moi.
Merci pour cet article, ça fait du bien.
Tu souleves 2 points interessants : le cote chronophage, qui nuit a la creation ou au temps pour soi…
Et la mise a mal de la confiance en soi, meme si tu es blindee en temps normal, il suffit d’un moment complique (pour moi c’etait le post partum) pour te sentir destabilisee. Dans ces moments, il faut s’obliger a couper ou faire le menage dans ses contacts.
Tu as gere ca comment ?
Et oui, vive les gens avec des failles, un brin d’honnete dans les propos, sans peur de vendre moins et briser leur image 🙂
xxx
Anouchka
Ton article soulève tellement de questions et de sujets hyper intéressants que là, tout de suite, à chaud, j’ai besoin d’y réfléchir un peu avant de pouvoir en discuter. Il y a tant à dire ! Je me demande aussi si ce que je partage reflète ma réalité – j’ai toujours l’impression que oui, parce que ce que je montre est sincère, mais en même temps bien sûr comme toi je ne partage pas TOUT, et notamment pas les parties les moins glorieuses ou celles qui concernent mes proches. Mais je vois plutôt ça comme un filtre de pudeur et de respect que comme un mensonge ou une mise en scène… Bref, je vais cogiter. Merci en tous cas, et merci pour ton clin d’oeil à mon article, ça me touche beaucoup !
Oui je sais que c’est un sujet qui te touche aussi, et encore plus quand tes reseaux sociaux ton activite. Le questionnement doit etre encore plus complexe!
Et evidemment que la pudeur et la vie privee est un aspect essentiel quand on partage “sa vie”. Ce n’est pas mentir, mais ce proteger. Il faut definir des regles strictes….
Je te l’ai deja dit, mais je trouve que tu es toujours sincere, juste et ose dire la verite sur tes faiblesses, ta fatigue, tes envies… On est loin de la super blogueuse qui se plaint de sa vie, mais tease en permanence des projets “incroyables mais secrets” et met en scene sa vie privee.
Et j’image que ca doit etre dur de garder son authenticite, a l’heure ou les girls next doors sont remplacees par des icones parfaites…
xxxx
Anouchka
Merci pour cet articl très complet ! Tellement vrai ! Pour ma part, mon identité dans la vie réelle et mon identité sur Les réseaux sociaux est quasiment La même. La seule limite est Que je ne raconte pas ma vie amoureuse sur Les réseaux. Pour tout le reste, comment je me sens, ce que je vis, ce que je traverse, je partage de manière plutôt spontanée et de plus en plus authentique. Il y a quelques années, je travaillais dans la publicité et 80% De ce milieu m’a dégoûtée ! Je me suis dit “mais comment je peux cautionner ça ! Ça va pas être possible !!!” Quitter ce milieu a été une Des meilleures décisions de ma vie. Aujourd’hui, je me connecte à l’Âme des entrepreneurs pour révéler leur Beauté et leurs talents en toute authenticité à travers la photographie. Et qu’est-ce que ça fait du bien de Les voir oser être eux-mêmes sans artifices et sans blabla. Et quand j’écris sur mon blog, c’est pareil. Des fois je me dis “mais Marie, t’es en train de te tirer une balle dans le pied en écrivant ça !” (Quoi Que je ne me le dis plus vraiment à présent). Je crois qu’on en a Tous marre des images photoshoppées sur papier glacée et des discours sans Âme. Alors autant rester vrai ! Et qu’est ce que ça fait me sentir légère !
Je te découvre depuis aujourd’hui, continue de partager ton message et tes billets d’humeur 😉
Au plaisir de te lire à Nouveau !
Merci Marie et bienvenue par ici 🙂
Tu as mille fois raison de faire ce choix de l’authenticite, en protegeant ton couple. Je ne parle pas ou tres peu de mon mari ou de mes parents… Ca n’aurait pas d’interet (a part dans un article sur l’expatriation en couple, mais de maniere generale).
Il faut etablir des regles sur ces choses que l’on ne souhaite pas partager, ce n’est pas mentir mais se preserver…
En tant que photographe tu dois evidemment connaitre l’envers du decor, et encourager les gens a se reveler, plutot que de jouer un role.
Ah vaste debat 🙂
xxx
Anouchka
Merci beaucoup pour ces réflexions, que je partage pour la plupart.
Je pense que l’expérience mais aussi un certain bon sens m’éloigne des blogs et autres comptes très (trop?!) léchés. Ils ne peuvent correspondre à la réalité. Mais là encore, il faut s’interroger sur ce que les personnes recherchent lorsqu’elles lisent, un blog, naviguent sur un réseau social, surfe sur ig….
Il est clair qu’un décalage évident existe entre ce que nous vivons réellement et ce que nous laissons passer. C’est peut-être, aussi, souvent, parce que ces espaces que nous avons (nous sommes) créés sont aussi des endroits d’exil, de retraite par rapport à notre quotidien
Oui je te rejoins, il faut aussi ecouter comprendre ce que recherche les gens quand ils naviguent ou lisent des blogs.
Je crois que l’on a tous des attentes differentes, malgre une tendance generale. Il y a eu les “girls next door”, et maintenant des icones tres lisses avec une recherche de l’image tres poussee.
Et il est impossible d’etre honnete a 100%, il y a toujours une part d’interpretation et d’histoire, c’est normal!
Merci pour ton commentaire Green Gazelle 🙂
xxx
Anouchka
Bonjour Anouska, il est passionnant ton article, je partage bon nombre de tes réflexions!
Je me méfie de plus en plus des comptes IG (surtout) trop “parfait”, j’ai vu également avec une ancienne amie le décalage entre sa vraie vie et ce qu’elle partageait sur les réseaux sociaux! Pour ma part, je ne calcule pas, du moins je n’en n’ai pas l’impression, même si je ne montre pas tout, et sans doute pas tous les aspects de ma personnalité. mais finalement, même dans la vraie vie, on se montre différente selon les espaces, non ? Je ne suis pas forcement la même avec mes collègues, qu’avec mon amie d’enfance, mon homme, ou qu’avec une nouvelle connaissance.
C’est rigolo parce qu’une amie qui me suit sur IG me disait justement qu’elle me reconnaissait drôlement dans mes publi, ça m’a fait plaisir, et ça m’a conforté dans l’impression d’être authentique sans forcement être exhaustive (les deux sont différents me semble-t’il). Je ne saurais pas me montrer bankable, et tant pis, j’aime les échanges sincères que j’ai avec des personnes sur les réseaux sociaux, je n’ai pas 10000 abonnées!, mais c’est pas grave, au moins je suis moi même!
Merci toi 🙂
Tu as raison, on est different selon les cercles, travail, famille, communaute de sport… Mais je remarque avec le temps que je deviens plus “moi meme” partout, peu importe les personnes ou la situation. C’etait plus difficile au travail par exemple!
Ton amie t’a fait le meilleur compliment, et comme tu dis peu importe si ton compte n’est pas millionaire en abonnes, et puis est ce bien le but ? 🙂
xxx
Anouchka
Wouuuaw !
Je découvre ton blog via cet article et je suis séduite et émue d’enfin retrouver tout ce que je pense à l’écrit.
J’ai commencé un blog et une chaîne youtube en 2015 aidée par une amie “fitgirl”. J’ai été ultra influencée par son culte de l’image et je n’étais pas du tout à l’aise (fond de teint et de choses que je n’utilisais pas dans la vraie vie).
Puis un jour… j’ai filmé avec ta tête fatiguée, peau grasse et cheveux pas parfaits et… j’ai ressenti un soulagement !
Depuis, je me montre maquillée à ma façon ou bien cernée de toutes parts, avec les soucis de peau et mes yeux humides. Peut importe.
Ma bio parfaite serait : “28 ans, carrière editoriale/libraire en dents de scie remise en question, endogirl, féministe Light, picarde fauchée et obèse heureuse”.
Cela dit, j’ai tjs été libre et sans filtre sur les RS et j’ai un soutien sans nom de la part de “ma communauté”, même petite. Les personnes qui interagissent avrc moi sont bienveillants. Peut être parce que déjà la communauté du livre est plus sereine. Ou parce que nous sommes “entre adultes” ?
Je m’interroge très souvent sur l’âge des gens qui me suivent. Je me dis qu’il y a très peu de jeunes gens. (14-16 ans).
Je pense que l’âge joue beaucoup. Une communauté instagram d’adolescents en recherche d’identités sera bien plus sur le paraître. (Difficile de sexprimer dans un commentaire de blog sur mon tel… j’espère être claire).
En tout cas c’est grâce à ce genre d’articles et à ton travail aujourd’hui que les petits jeunes pourront avoir un recul nécessaire quand à ce qu’ils voient sur les RS.
Encore bravo et merci !!!!
Merci pour ce commentaire et bienvenue par ici 🙂
Mais bravo pour avoir ose montrer une image de toi sincere! La communaute du livre est assez bienveillante, et peut etre que l’on est plus interesse par le fond que la forme. Mais ca demande quand meme un effort de se montrer “sans filtre”. Et avec les annees, on abandonne aussi ce besoin de perfection. A 20 ans, j’avais besoin de maquillage pour sortir meme pour une simple course, aujourd’hui ca me passe au dessus!
On a des cernes, des taches, de la cellulite, et … comme tout le monde!
xxx Anouchka
C’est tellement vrai tout ce que tu racontes. Je repense à un exemple qui m’avait frappée il y a peu de temps: Kinoyoga que j’adore suivre depuis des années mais dont je lis de moins en moins les textes sous les photos. Son texte inspirant commençais par “I was never a gymnast”… sauf que ce texte, à l’identique quasiment, je l’avais déjà lu un an auparavant, avec des références aux méchantes personnes qui lui ont souvent dit qu’elle avait soit disant des grosses cuisses , blablabla. Et en fait, ça m’a refroidie, mais vraiment. Je n’aime pas les textes gnangnans, les histoires de vies soit disant inspirantes à l’américaine où on en fait des caisses, j’ai l’impression que tout le monde essaie de se vendre une vie de “self made man”, de gens qui sont partis de tout en bas… Et pourtant comme toi j’ai eu de très gros soucis dans ma vie (plus jeune) et je n’ai pas du tout envie d’en parler sur les réseaux et je prends beaucoup de recul quand les gens partagent leurs “petits” problèmes.
Lorsque je suis allée à Lanzarote, il y avait des Youtubeurs lors de la visite de la cueva de los verdes, ils mettaient en scène leur visite, mais dans le fond à part avoir été extrêmement bruyants et à perdre leur temps loin derrière pour “shooter” ils n’ont pas profité de la visite, n’ont pas écouté le guide et quasiment rien regardé, ça m’a beaucoup questionnée. Je me suis dit que lorsque quelqu’un allait regarder leur vidéo, il se dirait “wouaouh” quelle chance et qu’en fait eux ne mesuraient pas cette chance, avaient perdu beaucoup de temps à mettre en scène de manière à susciter cet envie chez les autres sans vivre vraiment le moment présent.
Après, d’un autre côté, je dois avouer que j’aime beaucoup regarder de belles photos et que l’on suit tous de plus en plus de comptes très “léchés”, mis en scène, beaux, de gens qui voyagent à travers le monde et nous font “envie”.
Merci pour cet article.
Bonne journée.
Léa
Ah mais ce besoin de nous vendre une vie de self made man ou girl ! Avec en phrase de conclusion : quand on veut, on peut. Mais non, on ne peut pas toujours, et tout le monde ne veut pas creer un empire d’entreprenariat.
Et vendre son concept en se servant de failles du passe, ca me deplait de plus en plus. Yoga Girl aussi joue la dessus et ca devient redondant et lourd. On a compris, tu as 30 ans et tu es plutot heureuse maintenant ?
Et pour Lanzarote, j’avais vu aussi les memes comportements, et ca m’a montre l’envers du decor sur toutes ces videos ou photos de blogueurs/euses. Moi je me sens deja bete de demander a mon cher et tendre de prendre 5 minutes pour une photo 🙂
Mais oui, on aime les belles images, mais belles peut rimer avec sinceres ?
xxx Anouchka
Je suis moins au point sur ce sujet que toi qui l’a étudié, évidemment, mais je pense que beaucoup des problématiques que tu énumères ne sont pas forcément exclusivement liées au numérique.
Par exemple, je ne suis pas la même avec ma famille et mes amis, et pas la même avec différents groupes d’amis. Et évidemment, pas la même en ligne, même si je pense que paradoxalement, en ligne, je suis la plus “entière”, même si je ne montre que quelques facettes choisies de moi. J’admire les gens qui arrivent à ne pas se cacher et à être sur le même plan, peu importe les circonstances et l’entourage !
Je m’en vais lire tous les commentaires à la fin de cet article de ce pas !
Hello Isa,
Je suis complètement d’accord avec toi, on est souvent différente selon le cadre social amis, famille, travail… La différence avec les blogueuses parfois est le coté monétisation qui fausse souvent la donne. Ou le fait de vouloir aussi monétiser ses comptes perso (ça semble si facile) 🙂
A bientôt,
A.
Quel article intéressant. Une réflexion que tout blogueur se doit d’avoir au moins une fois je pense. De mon côté je ne sais pas faire semblant sinon mes écrits sont médiocres. Je suis donc enjouée et blagueuse, comme je le suis dans la vie. Ce qui n’empêche pas des coups de gueule ou de mou. Ces tout derniers sont moins visibles car dans ces cas là, je me mets en retrait de la vie virtuelle qui ne m’apporte rien à part de l’illusion.
Lors des blogtrips, je me détache le plus souvent possible de l’écran pour interagir avec les acteurs en vivo. Parfois je ne joue donc pas mon rôle de promo dans les stories mais un voyage se vit vraiment dans la réalité et après dans la vie virtuelle. Pas l’inverse. J’ai mis un an pour démêler ce que veulent les codes implicites du blogging et ce que veulent mes valeurs. Parce c’est compatible, parfois je m’adapte… L’important c’est de ne pas s’oublier au détriment de son personnage Sims !
Merci Corinne!
Je ressens la même chose que toi, tout se voit dans mes écrits, et un article devient vite fade.
Et par exemple, j’adore les cosmétiques et j’ai l’impression d’être fadasse quand j’en parle. Et tu as mille fois raison pour les blog trips, si tu ne vis pas l’expérience tu ne peux pas en parler ni donner envie à ton audience !
Bref, tout ça est passionnant 🙂
A.
Un article hyper intéressant qui fait effectivement réfléchir.
J’essaye d’être complètement moi même sur mes partages Instagram et sur mon blog, mais comme beaucoup je m’imagine peu partager l’envers du décor “Je viens de me prendre la tête avec mon mec”, “J’ai la gastro”, “Tout me fait chier aujourd’hui.”. Du coup, je suis catégorisée comme la personne super positive qui voit la vie du bon côté et a souvent un bon conseil a donner. C’est ce que j’aime faire sur Instagram mais c’est une mini partie de ma vie, je partage un peu plus souvent aujourd’hui d’autres idées car effectivement les personnes qui me côtoient ne me retrouveraient pas forcément en lisant mon profil.
C’est quand même difficile car il y a une part de ce que l’on veut montrer et une part de comment est ce que c’est interprété par le lecteur? ^^
Par rapport à ça, j’essaye d’éviter les étiquettes, comme je l’explique dans un de mes derniers articles sur le végétarisme. Ce n’est pas parce que je ne mange plus de viande depuis un mois que j’afficherais dans ma description: Végétarienne. Car sinon je correspond à ce type de profil: végé, bio, qui fait du yoga (mais comme je n’aime pas l’avocat non plus ça casse tout :p) et je refuse d’entrer dans une case. On perd forcément en individualité. Est ce que je suis cette personne car elle est végé comme moi ou est ce que je la suis car il y a un truc qui me plait vraiment dans ce qu’elle transmet?
Voilà une question qu’on devrait se poser aussi sur les réseaux. 🙂
Merci Lucie!
Je crois qu’il ne faut pas se brider de partager son avis, même si peut sembler clivante. J’ai fini par parler de féminisme, racisme, politique parfois sur mon Twitter, parce que le lieu est plus propice par exemple.
Mais pour les étiquettes, j’ai eu le même questionnement mais au delà de l’aspect alimentaire, être vegan pour moi est une immense partie de ma vie, de l’éducation que je donne à mon enfant, et j’ai plus d’atomes crochus avec des gens qui réfléchissent en ce sens (même si mes meilleures amies sont omnis). Et tant pis pour l’étiquette, on sait bien que tout fini par s’emboiter quand on prend le chemin vers une vie plus saine et bienveillante 🙂 L’individualité s’exprime autrement, quand on évite les clichés de phrases pipeau sur le bien être et que l’on montre que l’on est un humain avant d’être une biographie standard! Mais en devenant vegan au début, je me suis perdue dans le fait de parler, penser, manger, vivre vegan, j’ai épuisé le sujet rapidement vu que c’est devenu ma vie, un point c’est tout…
C’est un débat passionnant en tout cas.
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Anouchka
Il n’empêche que malgré tout cela, le succès va bien vers celles qui jouent ce jeu-là : celui du mensonge….Les blogs ne sont plus des journaux, mais des vitrines parce que c’est ce que demandent les gens! En quelque sorte, on récolte ce que l’on sème!
Les blogs sont professionnels (info-graphistes, photographes, etc…) et ne reflètent plus une personne, mais une image à quelques exceptions près comme celui de Mango and salt ou celui de “et pourquoi pas Coline”!
J’adore Coline et Victoria, le contenu est sincère, intelligent et engagé. Comme quoi, on peut continuer de parler de tout intelligemment ! Mais je remarque avec cet article que la lassitude gagne vraiment les lectrices, trop de billets sponsorisés, créatifs ou non. C’est intéressant!
Merci pour ton commentaire !
xxx