« Parler est un besoin, écouter est un art », cette citation de Goethe résume mon questionnement du moment. J’ai l’impression qu’il faut de plus en plus occuper l’espace avec beaucoup de photos, de vidéos, quelques mots, parler, partager, même si c’est creux, vide, il ne faut surtout pas se faire oublier.
On vlogue, on capture, on blablate, on s’écoute parler, mais écoute-t-on réellement? Le manque d’écoute de l’autre est en passe de devenir un nouveau standard.
Quand avez-vous pris le temps de demander à quelqu’un « Et toi, comment vas-tu ? »
Ecouter, l’autre, sans penser à ce que l’on va répondre, sans couper la parole, sans penser à quoi cela fait référence en nous, sans penser à ce que l’on va manger le soir, ou regarder son téléphone qui vibre ?
Je note de plus en plus de conversations électriques, car on perd la notion d’écoute active, voir bienveillante. Quand quelqu’un tente de s’exprimer ou de se confier, l’idée n’est pas de donner son avis, ou d’apporter son expérience, mais tout simplement d’écouter la personne en face, la questionner, et surtout la laisser partager son histoire.
J’ai l’impression que nos cerveaux sont désormais conditionnés par les 3 secondes d’attention, la norme de publicité créée par Facebook : si une personne ne sait pas vous captiver dans les 3 secondes, l’attention se détourne instantanément vers autre chose. Le silence est pourtant clef dans une conversation, il faut apprendre à l’apprivoiser.
La vérité est qu’écouter activement demande un effort soutenu.
Les réseaux sociaux sont un excellent exemple du manque d’écoute, on y partage énormément d’informations, mais quel est l’indicateur important ? Le like ? Ou les échanges ? Qui prend le temps de répondre à chaque commentaire (quand cela est encore possible) ?
Les longues conversations téléphoniques doivent être planifiées, alors on passe par messenger, les mots peuvent être mal interprétés. Suis-je la seule à trouver tout cela frustrant ?
Je réfléchis beaucoup au concept de « slow life », excusez l’anglicisme, qui est en soi une réaction à la productivité permanente que l’on s’impose. J’aime prendre le temps de cuisiner, de manger, de lire des articles de 3 pages, de regarder des films et non des séries… et prendre le temps d’écouter les autres.
J’ai décidé de revenir aux bonnes vieilles méthodes : les conversations téléphoniques et les rencontres autour d’un café, le téléphone retourné sur la table pour être 100% disponible pour l’autre. Ces derniers temps, j’ai appris à ne pas être une machine à solutions ou phrases positives, juste à écouter la personne en face de moi, sans agir, tout en quittant mon filtre d’expérience personnel. En écoutant sans interrompre, on permet aussi à l’autre de faire son cheminement personnel, et souvent trouver les réponses.
Parfois, il est plus humble et sincère d’écouter quelqu’un et de lui répondre, je t’entends, j’essaie de me mettre à ta place, ce que tu vis est compliqué, je suis (sincèrement) là pour toi. Et tant pis si l’on a pas les mots, où que la situation ne fait appel à aucune de nos expériences de vies. Apprenons à bannir les « c’est un mal pour un bien », « il n’y a pas mort d’homme » ou « ça finira par passer ».
Je n’ai pas de bucket list à rallonge pour l’année qui arrive, si ce n’est que de développer ma capacité d’écoute, et de continuer le maximum à voir les gens en face à face, on se parle via une multitude de supports, mais de rien à la fois. Prendre le temps d’entendre, avec de l’empathie, de l’humilité et sans ego.
Sans égo.